Ancien chef de service à l’Institut Pasteur de Lyon, Daniel Hartmann s’est lancé dans la création avec Novotec, société spécialisée dans la matrice extracellulaire et l’expertise tissulaire. Aujourd’hui professeur à l’Université Claude Bernard, il continue d’aiguiller l’entreprise sous sa casquette de consultant scientifique. Interview.
Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas de l’entrepreneuriat ?
Avec la fermeture de l’Institut Pasteur de Lyon en 1996, se perdait tout un travail de recherche en matière de matrice extracellulaire (NDLR : la structure de soutien de nos tissus, comme la peau), en particulier sur les collagènes. En créant Novotec en 1997, mes six associés et moi-même avons poursuivi ce savoir-faire. Novotec s’est appuyé dès le départ sur ce domaine de compétences et un réseau de clients ciblés pour développer, produire et distribuer ses anticorps anti-collagènes, des réactifs exclusivement destinés à la recherche académique, cosmétique ou pharmaceutique. Cela nous a permis de générer immédiatement du chiffre d’affaires et de développer une seconde activité : la caractérisation tissulaire. L’innovation nous a permis d’aller plus loin en augmentant la qualité et la variété des anticorps et en améliorant nos techniques et méthodes afin de pouvoir proposer une analyse tissulaire précise et complète.
Au départ, notre priorité a été de pérenniser la société et de pouvoir assurer les salaires, ce qui n’est pas évident lorsque l’on débute. Installés à Gerland depuis notre création, d’abord dans les locaux de la pépinière Oméga de Novacité puis dans nos propres laboratoires, nous avons bénéficié de l’effet de synergie scientifique qui s’opère sur ce secteur. L’analyse tissulaire a pris de l’ampleur à partir de 2003-2004 grâce à notre participation à des contrats de recherche dans le cadre de pôles de compétitivité, comme Lyonbiopôle avec la société Genzyme Polyclonal ou à des partenariats industriels nationaux ou internationaux. De plus Novotec cherche toujours à travailler en étroite connexion avec le monde académique en général et l’Université Claude Bernard en particulier : formation de stagiaires, collaboration entre les équipes, partage du matériel ou encore publications scientifiques. Petit à petit, nous avons gagné en professionnalisme et l’équipe s’est étoffée, passant d’un à six salariés. D’autre part, Novotec a été certifié ISO 9001, garantissant ainsi le respect des exigences clients. Le séminaire Dirigeants, suivi l’année dernière auprès de la CCI, nous a permis de définir plusieurs axes stratégiques : augmenter la gamme des anticorps, développer l’expertise tissulaire, booster la R&D et développer nos compétences sur la gélatine – du collagène dénaturé – afin de collaborer avec l’industrie agroalimentaire. Autant de pistes à explorer pour asseoir davantage notre savoir-faire dans le marché de niche que nous occupons.
Quel regard portez-vous sur cette expérience de création ?
J’ai endossé le costume d’entrepreneur tardivement, cela a sans doute influé sur ma manière de voir les choses et m’a permis d’aborder les étapes avec un peu moins d’impatience, même si un créateur d’entreprise est toujours trop pressé. Il faut réellement prendre le temps de mûrir chacune de ses décisions, c’est un véritable gage de réussite. De la même façon, il est nécessaire de rester humble quant à sa démarche et à son produit. L’humilité n’étant pas l’ennemie de l’ambition ! La dynamique de réseau est fondamentale, au moment de la création comme au cours du développement de l’entreprise. Les échanges avec les autres créateurs de la pépinière Oméga de Novacité nous ont aidés, bien que les domaines d’activité soient différents, les problématiques sont souvent les mêmes et leurs connaissances s’avèrent précieuses. Même chose concernant les conseillers Novacité, qui répondent toujours présents en cas de besoin. Cette simplicité des relations est importante car cela irrigue énormément la réflexion de l’entrepreneur.
Propos recueillis par Morgane Gaillard
Photo par Jean-Jacques Raynal
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