Passer du secteur automobile à l’horticulture, Julien de Wismes l’a fait ! JD.TransBio, sa jeune société, conçoit des pots en amidon de pomme de terre. Bienvenue dans l’ère de la poterie biodégradable.
Le 23 février dernier, Julien de Wismes a connu son quart d’heure de gloire. Il est passé dans l’émission Silence, ça pousse! de France 5 pour présenter les pots et godets biodégradables de sa société JD.TransBio. Quelques minutes ont suffi à faire exploser les visites sur le site Internet et à enclencher le e-commerce. Un joli démarrage qui ne doit rien au hasard mais à un travail de longue haleine fourni par l’astucieux entrepreneur.
Le virage complet s’amorce en 2007. Après sept ans passés dans une société automobile, Julien de Wismes est chatouillé par l’envie d’entreprendre. En parallèle, il achète une maison et plante une haie de 180 cyprès. Germe alors l’idée de créer des pots biodégradables et compostables. « Je n’avais aucune connaissance dans ce milieu, signale-t-il. J’ai fait des recherches, rencontré des collectivités locales et des professionnels pour cerner les attentes du monde horticole. J’ai été très bien accueilli car aucun industriel n’avait consulté ce secteur pourtant fort réceptif. Il fallait un produit mécanisable, n’engendrant pas de contraintes supplémentaires et que l’on plante directement dans la terre. »
Fortifié dans sa décision, notre inventeur met le doigt sur l’ingrédient secret : l’amidon de pomme de terre. Récupéré dans l’industrie agroalimentaire, il est transformé ; un engrais organique est directement incorporé dans le pot pour nourrir la plante, ces matières se dégradent en 15 semaines en terre… et le cycle est bouclé : « le but était vraiment de revaloriser du déchet ». S’ensuivent le dépôt de brevet et le congé pour création d’entreprise.
Julien de Wismes est accompagné par Novacité - « Quand on crée, on est seul, un peu perdu ; ce réseau canalise, guide vers les bonnes aides et permet de gagner du temps. J’ai également bénéficié du soutien d’Oséo et de la Région pour financer projet et outillage. » - tandis que sa démarche séduit aussi Philippe Valentin, président du Groupe Valentin, devenu actionnaire. « Ce papa industriel m’a donné accès à ses locaux de Genas et aux services attenants. »
Petit à petit, JD.TransBIO s’enracine dans le milieu avec cohérence. Les machines utilisées pour produire les pots biodégradables consomment moins d’énergie que celles fabriquant des contenants en plastique, le réseau de distributeurs est maillé à proximité des clients - jardineries, horticulteurs, lycées et collectivités locales - pour limiter les émissions de Co2. Julien de Wismes mise beaucoup sur les partenariats et la complémentarité des compétences. Epaulé d’un directeur commercial et d’une secrétaire, il se concentre sur la R&D et collabore étroitement avec la station d’expérimentation le Ratho (Rhône-Alpes techniques horticoles) à Brignais, avec la société Mecafonction (étude, conception et réalisation de moule) à Heyrieux, ainsi qu’avec un panel de clients test issu des collectivités. « Les villes de Lyon, Villeurbanne, Genas et Heyrieux m’ont aidé dès le début et ont été mes premiers clients… leur retour de terrain est très précieux. » Objectif de l’année : écouler 4 millions de produits pour un chiffre d’affaires de 500 000 euros. Julien de Wismes creuse donc de nouvelles idées organiques, notamment la KT Lène, première matière issue du marc de café, engrais naturel et anti-pucerons, pour renforcer la valeur ajoutée de ses pots périssables.
+ sur www.jdtransbio.fr
Charlotte Pidou
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