Depuis leur naissance en juin 2004, les Laboratoires Narval, concepteurs et fabricants de dispositifs médicaux contre le ronflement et l’apnée du sommeil, vivent un rêve éveillé. Conduite de mains de maître, la société fait désormais partie du groupe ResMed. L’interview de Laurent Viviani.
Comment s’est déroulé le rachat par ResMed et qu’implique ce changement de taille ?
L’intégration à un grand groupe était inscrite dès le départ dans notre stratégie. Notre équipe très complémentaire (médicale, technique et entrepreneuriale) a porté la structure pendant cinq ans et cultivé son potentiel international afin de pouvoir l’adosser à un grand groupe du secteur. Le déclencheur a notamment été l’obtention du remboursement de notre orthèse de type O.R.M.® (optimisation de la retenue mandibulaire) en 2008 ; cette prise en charge par l’Assurance Maladie a augmenté la visibilité auprès des prescripteurs et des industriels du secteur. ResMed, leader mondial dans les solutions thérapeutiques pour les troubles respiratoires du sommeil, nous a contacté début 2009 et l’opération a été conclue en octobre. Nous allons déménager cet été à Saint-Priest, au siège de la filiale française de ResMed.
Les 35 salariés de Narval ont été assimilés à la force de vente et à la production. Narval devient le nom de la gamme des dispositifs médicaux que nous développons au sein du groupe ResMed. Quant au fondateur, Ludovic Baratier, inventeur de l’orthèse, il occupe toujours la fonction de responsable R&D. Fabrice Paublant et moi-même sommes directeurs du développement international de la gamme Narval. Notre rôle est de faciliter l’absorption et de développer les ventes en Europe.
En quoi résident l’innovation et la valeur ajoutée Narval ?
Dans le fait d’avoir créé un nouveau dispositif médical sur un marché en plein essor. Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS), le plus courant, est principalement traité par un appareil à pression positive continue (PPC).
ResMed propose ce traitement de référence depuis vingt ans.
Chez Narval, nous avons conçu une orthèse d’avancée mandibulaire innovante qui est prescrit au patient
s’il refuse ou est intolérant à un traitement par PPC. Ce rachat permet donc au groupe ResMed de compléter son offre.
De plus, nous avons toujours mis l’accent sur la technologie et élaboré un système de fabrication et conception assisté par ordinateur. Aujourd’hui, nous allons améliorer la technologie grâce à l’expertise et aux moyens de ResMed et la gamme de produits va s’étoffer…
Quel bilan faites-vous de votre parcours en « solo » ?
Un bilan très positif. Nous avions certes l’ambition de créer, mais nous avons vraiment été soutenus par le réseau d’accompagnement lyonnais, particulièrement Novacité. Notre conseiller, Christophe Vincent, s’est montré très disponible et efficace. D’autre part, la labellisation donne confiance aux investisseurs, ce qui a impulsé la première levée de fonds. La seconde, d’un montant de 1,5 M€, a été facilitée par le label Paris Biotech Santé, incubateur spécialisé en santé humaine. D’autre part, le temps nécessaire entre les essais cliniques et la commercialisation est beaucoup moins long pour un dispositif médical que pour une molécule, ce qui a incité les financiers à nous suivre. Enfin, nous nous sommes battus pour décrocher le statut avantageux de Jeune Entreprise Innovante (JEI). Toutes ces ressources financières et la validation scientifique ont favorisé une progression globale.
Propos recueillis par Charlotte Pidou
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