Alors qu’ils ne sont pas encore diplômés, Sarah Dufour et Gérald Lévy créent Cyclopolitain. Un nom désuet pour un concept audacieux. Leurs tricycles électriques ont fait du chemin - sans polluer - dans les centres urbains. L’interview de Sarah Dufour.
Implanter des pousse-pousse modernes dans les centres-villes, un pari réussi pour deux ingénieux étudiants ?
Au début, c’était une intuition… Aujourd’hui, le marché a beaucoup mûri. L’idée d’une solution de mobilité écologique et autofinancée est née en 2000. Alors en première année à l’EM Lyon, nous devions construire un projet de création d’entreprise virtuelle, il est ressorti de nos brainstormings que les problématiques de déplacement et de l’écologie domineraient dans les années futures. Nous avons décroché le prix de l’originalité et nous sommes dit… pourquoi pas ! Mais à l’époque, le vélo était encore cantonné aux loisirs et au sport. L’essor du Vélo’v a profondément modifié la vision du vélo. Considéré comme un mode de transport à part entière, il est intégré dans le processus de déplacement. Aujourd’hui, notre flotte de Cyclos-taxis est déployée sur dix villes du territoire, en propre et en franchise, et notre objectif est de couvrir les vingt principales villes françaises d’ici à deux ans.
Quels ont été les paliers constitutifs de votre entreprise ?
Comme nous n’avions pas de fonds propres pour démarrer, nous avons participé à beaucoup de concours, déposé des dossiers et remporté presque tous les prix ! En 2003, nous avons aussi obtenu le label Novacité et le prix Novador. Les trois années d’accompagnement et le Réseau Entreprendre nous ont permis de poser des bases solides et de tisser un réseau avec les acteurs économiques de la région. En somme, nous avons eu un super démarrage et tout s’est enchaîné très vite. Nous avons conçu le premier véhicule mais nous adossons désormais à une industrie pour la fabrication. En 2006, le réseau de franchise s’est mis en place et cette année, notre utilitaire écolo, le CycloCargo, a étoffé la gamme. Nous cultivons deux domaines distincts : le service de Cyclos-taxis publicitaires, la conception et commercialisation de triporteurs à assistance électrique. La partie commercialisation constitue un nouveau projet dans le projet, ce qui assure le développement de l’activité et poursuit la logique d’innovation.
A presque 7 ans, êtes-vous impatients que le marché décolle ?
Le marché est arrivé à un tournant et nous consolidons nos positions pour en recueillir les effets de croissance. Nous avons conscience qu’il est à la fois complexe et vertigineux car toutes les agglomérations du monde ont les mêmes problématiques de transport et de consommation d’énergie. Si ça fonctionne, cela représente des marchés colossaux… Des sociétés de livraison, de services aux collectivités et de street marketing nous ont déjà commandé des CycloCargo. Ces véhicules légers, robustes et écolo sont l’avenir des déplacements urbains car en matière de logistique, c’est le dernier kilomètre le plus difficile à parcourir. Conçu pour être produit en grande série, notre utilitaire devrait être décliné début 2010 pour la vente ambulante et nous travaillons pour la société Air Liquide sur un projet de triporteur frigorifique équipé d’une pile à combustible.
Et demain, chacun son cyclo ?
Ce moyen de locomotion propre, sans frais d’assurance ni de carburant, pourrait tout à fait remplacer la deuxième voiture des particuliers. Le Cyclo a une image très positive. Les annonceurs l’ont intégré en tant que média car il est pratique et respectueux de l’environnement. Nous proposerons sans doute des véhicules pour les citadins courant 2011 puisque nos prochains objectifs portent sur l’accroissement de la gamme et la vente à l’international.
Propos recueillis par Charlotte Pidou
Commentaires