Matthieu Flye Sainte Marie et Stéphan Couturier tracent leur route dans le monde escarpé des agences de voyages. Cinq ans après la création de Terres oubliées, ces concepteurs de treks aventures ont surmonté les difficultés. L’interview de Matthieu Flye Sainte Marie.
Les cinq premières années de vie de Terres oubliées ont-elle été un long trek tranquille ?
Huit mois après la création de l’agence, c’était pas la joie. Les réservations n’atteignant pas le niveau escompté, nous avons arrêté de nous verser des salaires et analysé les raisons de ce décollage plus lent que prévu. Le problème ne venait pas de notre « produit » : notre concept de voyage aventure était bien pensé et son positionnement clair. La marque Terres oubliées souffrait d’un manque de visibilité et de confiance. Nous avons alors investi 30 000 euros dans une campagne de communication. Cette phase a duré près de deux ans et nous a permis d’atteindre le marché de façon viable. Depuis, nous sommes en croissance régulière et avons réalisé en 2007 un chiffre d’affaires de 2,15 millions d’euros.
Aujourd’hui, dans un secteur plutôt touché par la crise, Terres oubliées est même l’une des rares agences à surnager…
C’est vrai, nous limitons la casse cette année contrairement à bon nombre de nos concurrents qui termineront l’année sur un chiffre négatif. Notre croissance devrait se situer autour des 15 %. Nous bénéficions de notre positionnement d’agence de voyages originaux, un secteur porteur actuellement. Un état esprit qui nous oblige à nous différencier des tours opérateurs traditionnels et de proposer bien plus que des itinéraires d’aventure hors des sentiers battus. Les clients viennent chez nous pour vivre une expérience. C’est l’effet positif du bouche-à-oreille. En outre, Terres oubliées n’a aucun engagement avec les compagnies aériennes : nous ne réservons pas à l’avance des milliers de places d’avion contrairement aux autres… qui se retrouvent avec des billets sur les bras achetés mais non vendus !
Comment êtes-vous passés du statut de commercial-salarié à celui de gérant associé ?
Avec Stéphan Couturier, le porteur de projet original, nous avons consacré un an à la création de Terres oubliées. Nous étions convaincus que notre concept pouvait marcher. Tout en capitalisant sur nos compétences de commerciaux acquises en quinze ans d’agence, nous avons souhaité acquérir d’autres savoir-faire, notamment en gestion. Stéphan a suivi à EM Lyon le cursus de créateur d’entreprise et nous avons été accompagnés par Rhône-Alpes Entreprendre et Novacité. Grâce à ces deux structures, Terres oubliées est partie sur des bases saines… et nous aussi !
Quelles sont les prochaines étapes ?
Avec Stéphan, nous avons décidé de prendre du recul avec la partie commerciale et d’embaucher deux personnes, arrivées le 1er septembre dernier. En outre, à force de voyager, Stéphan avait besoin de se poser à la campagne. Nous avons donc acheté une grange dans le parc des Baronnies, aujourd’hui entièrement retapée. Stéphan s’y est installé et travaille à distance avec nous. Mais cette antenne drômoise, nous voulons qu’elle devienne un lieu de vie, de rencontre. Dans le même ordre d’idée, nous sommes également en train de revoir complètement notre site Internet. Notre ambition est d’en faire une communauté des voyageurs Terres oubliées, où les gens pourront échanger, discuter, montrer des films, des photos….
Propos recueillis par Vincent Feuillet
Mars 2003 : Création de Terres oubliées - 2004 : Labellisation Novacité - 2007 : Mise en place d’un PEI, un plan d’épargne salarié
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