Propriété industrielle : le bras armé de l’innovation


Le capital immatériel des entreprises innovantes est leur source de richesse. Mais si leur capacité à créer est leur carburant, la propriété industrielle permet de concrétiser le développement d’une idée ou d’un concept en les valorisant, les protégeant ou les faisant fructifier... 

Au cœur de la stratégie d’une société - et au-delà pour se donner les moyens d’agir contre les contrefacteurs - le recours à la propriété industrielle peut revêtir de nombreuses dimensions, parfois insoupçonnées : asseoir sa crédibilité et garantir une qualité à ses clients, développer et assurer son capital, trouver des partenaires, élargir ses horizons à l’international en contractualisant des licences… Un réflexe pourtant encore trop peu adopté par les entreprises françaises. “En 5e position des demandes internationales de brevets, la France accuse un certain retard “culturel” en la matière : les entreprises n’utilisent pas suffisamment la propriété industrielle comme une arme”, affirme Antoine Réty, délégué régional de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), point de passage obligé pour assurer la protection de sa création, que celle-ci soit d’ordre technique, esthétique ou marketing. 

La propriété industrielle, contrairement à une idée reçue qui a la peau dure, est aussi l’affaire des PME. 

Ainsi, Brochier Technologies, héritière de la tradition lyonnaise des soyeux, crée en 1999 un tissu lumineux à base de fibre optique pour le couturier Olivier Lapidus. Puis livre en 2002 une innovation mondiale, un écran textile souple tissé sur métier Jacquard. Deux coups de maître suivis de rapprochements avec plusieurs industriels débouchant sur des projets de développement de tissus techniques haut de gamme. Mais Brochier prend le temps de protéger ses savoir-faire pour sauvegarder ses marchés présents et à venir. 2002-2007, période intense d’investissement et de R&D, s’est ainsi traduite par une dizaine de brevets déposés ou en cours de dépôt et des accords de copropriété avec des licenciés pour en défendre les droits à l’étranger. 

Le cas Little Worlds Studio illustre une autre voie, plus défensive et soucieuse de la communication vis-à-vis des marchés. La société lyonnaise pionnière du DVD interactif en France, réalisant la moitié de son chiffre d’affaires à l’étranger, a développé sa propre technologie déclinée sur des supports de divertissement, de communication ou de formation. “Au départ, nous n’avions pas de démarche formalisée en propriété industrielle, explique son dirigeant David Chomard. Or le pré-diagnostic proposé par l’INPI nous a révélé qu’un concurrent avait déposé des brevets avec des extensions européennes et internationales sur une façon de réaliser des DVD interactifs. Nous avons donc pris la décision de breveter notre technologie pour nous protéger. Avec le recul, le fait de pouvoir le mettre en avant auprès de nos clients nous permet de travailler plus sereinement, surtout dans le monde anglo-saxon”. 

A l’image de David Chomard, créateurs et dirigeants n’ont pas forcément d’emblée cette culture de la propriété intellectuelle. 

Ils n’ont parfois pas conscience d’avoir inventé quelque chose qui pourrait être protégeable par un brevet et donner de la valeur à l’entreprise… ni le réflexe de vérifier que le procédé mis au point n’est pas déjà déposé ! Le rôle déterminant de la sensibilisation et de la pédagogie consiste donc à les aider à cheminer, à réfléchir aux opportunités et à leur stratégie avant de les amener, le cas échéant, à se mettre en relation avec un expert en propriété industrielle. “Car l’une des  difficultés est d’évaluer à quel moment déposer son brevet, en fonction du stade de développement, des recherches d’antériorité, des marchés potentiels…”, conclue Bernadette Venet, conseillère CCInnovation.

Valérie Terrier

Contact : 0821 231 251 (0,12 C= ttc/mn)

www.lyon.cci.fr

Question à

Fabrice Ponsin, directeur du développement de Soléus.

Comment avez-vous inscrit la propriété industrielle au cœur du démarrage de votre société Soléus, créée en 2004 et labellisée Novacité ?

“Au fondement de la société, nous avons décidé d’utiliser la propriété industrielle comme un outil, comme une musique de fond qui nous accompagnerait en permanence. Nous avons par exemple tout de suite déposé le nom Soléus… Même une toute petite société qui n’a pas encore de chiffre d’affaires ni de client peut le faire pour quelques centaines d’euros ! Sur notre métier principal, le contrôle réglementé du matériel sportif, nous arrivions sur un marché déjà bien installé, qu’il nous fallait déstabiliser avec un produit d’appel. Nous avons réalisé le pré-diagnostic en propriété industrielle et travaillé avec l’Insa dans une logique de remise à plat. Au final, nous avons mis au point une machine totalement automatique, sécurisée et mobilisable sans effort par une seule personne, pour réaliser les tests de charge sur des buts de football ou des paniers de basket par exemple, en 20 à 25 % de temps de moins que nos concurrents. Le fait d’avoir breveté cette invention nous permet d’être les seuls aujourd’hui à produire de cette façon et pourrait, à terme, se solder par la revente du système à nos concurrents. La preuve que la propriété industrielle peut s’envisager au départ comme une façon de mieux travailler en interne, et se traduire à l’arrivée par un levier technologique !”

www.soleus.fr

Deux de plus !

Deux nouvelles entreprises innovantes ont été labellisées Novacité en avril : Cairnis, développant une offre de services à destination des PME soucieuses de surveiller et manager leur système d’information, et Domelys Technologies, qui fabrique et distribue un système permettant de réduire les coûts de production d’eau chaude.

Bravo Bactup

Bactup, société de services en microbiologie spécialisée dans la conservation, la manipulation et la caractérisation de micro-organismes et labellisée Novacité en septembre 2007, s’est vue décerner le prix du Jeune entrepreneur de l’année par l’association Vouloir Entreprendre, le 8 avril dernier à la CCI. A la clé : une aide financière et un accompagnement.

www.bactup.com

AgendA

Novad’or

Le Novad’or 2008 sera décerné le 18 juin prochain dans le cadre du Salon des Entrepreneurs. Visiteurs et internautes sont invités à participer à l’élection du grand gagnant entre Noraker, Woonoz, Biom’up et Neolution, les quatre sociétés présélectionnées. Pour l’événement, deux labellisés Novacité, Webcastor et Vigimedia, se sont investis. Le premier en créant les podcasts diffusés sur Internet et le second en organisant le vote par sms pendant la soirée.

Votez sur www.lyon.cci.fr

www.webcastor.fr

www.vigimedia.fr



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Dernier labellisé : Lotus Synthesis

Fondée par Stéphane DANIELE et Arnaud FRANCK, la société Lotus Synthesis a vocation à fabriquer une large gamme de suspensions nano chargées, en réponse aux attentes spécifiques de ses clients industriels. Ces dispersions de nanoparticules dans des liquides sont destinées à être intégrées dans des formulations chimiques pour revêtements, tels que les peintures et vernis, films optiques, textiles techniques ou cosmétiques, afin de leur conférer des propriétés remarquables (ex : anti UV, anti rayure, haut indice de réfraction, anti salissure…).

La technologie Lotus Synthesis permet de fabriquer des suspensions stables et transparentes, directement dans le milieu d’intérêt, à partir d’un procédé de chimie douce excluant la manipulation de poudre sèche potentiellement dangereuse. Les applications possibles sont multiples : http://www.lotus-synthesis.fr/.

 

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PASOLO innove et lance le 1er « supermarché virtuel de la dépendance » sur Internet lié à l'âge, le handicap, la maladie et répond aux attentes des aidants familiaux, des personnes en perte d'autonomie et à toutes celles et ceux qui souhaitent anticiper la dépendance. La place de marché Pasolo sera mise en ligne début 2012.

SHAZINO organiser le partage des connaissances en recherche en biotechnologies afin d’accélérer la valorisation des découvertes. Pour la première fois, shazino propose aux chercheurs de partager en temps réel leurs résultats expérimentaux et ainsi favoriser les collaborations entre scientifiques.
Ce service innovant repose sur un assistant de laboratoire sur iPad et iPhone couplé à une plateforme technologique en cloud computing assurant la sauvegarde, la proprieté et la diffusion contrôlée des données. L’ambition de shazino est de devenir un acteur majeur de l’ "Open Research" (Open Source pour la recherche en biotechnologies).

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